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Comment réagir face à une anaphylaxie ? Pr Daniel Vervloet

par admin

L’anaphylaxie est une réaction clinique grave qui met en jeu la vie d’un sujet allergique à une substance lorsqu’il est en contact avec celle-ci. Ce contact peut se produire par ingestion, par injection, parfois par inhalation, très rarement (mais cela
est possible) par simple contact sur la peau. L’anaphylaxie peut se manifester de différentes manières
• Il peut s’agir du classique choc anaphylactique. Celui-ci se définit par une baisse brutale et importante de tension artérielle.
• Il peut s’agir de l’installation brutale d’une réaction cutanée (éruption généralisée, démangeaison, oedème des lèvres, de la langue et de la luette, rougeur généralisée du corps). Cette réaction cutanée est associée à au moins une atteinte respiratoire
(essoufflement, spasme des bronches, asthme) et/ou cardiovasculaire (baisse de la tension artérielle).
• Il peut s’agir de l’apparition brutale ou rapide d’au moins deux des signes suivants :
– cutanéo-muqueux (urticaire, gonflement du corps, oedème des lèvres, de la langue…) ;
– et/ou respiratoires ;
– et/ou cardiovasculaires ;
– et/ou gastro-intestinaux (douleurs abdominales, vomissements).
On voit ainsi que l’anaphylaxie ne se résume pas uniquement au choc anaphylactique. Un patient qui présente, par exemple, rapidement une urticaire généralisée et une crise d’asthme après ingestion d’un aliment auquel il est allergique, fait une réaction anaphylactique. Cette réaction implique obligatoirement l’administration d’adrénaline (le médicament qui peut sauver) et une surveillance médicale d’au moins 24 heures. La sévérité des réactions anaphylactiques est classée en quatre stades. Le stade 4 correspond au stade « premortem » avec arrêt respiratoire et/ou cardiaque. L’évolution des réactions anaphylactiques est importante à connaître du fait de la possibilité de réactions dites « biphasiques». La réaction biphasique se caractérise par la survenue au cours des 24 heures suivant la première réaction anaphylactique d’une réaction similaire (plus ou moins grave) à la réaction initiale. Les facteurs de risque favorisant ces réactions biphasiques
sont :
– des réactions cliniques sévères se produisant très rapidement après le contact avec l’allergène ;
– un retard à l’administration d’adrénaline ou l’administration de doses trop faibles lors de la première réaction ;
– un temps nécessaire à la disparition totale de la première réaction anaphylactique relativement long.
Ces observations amènent donc à rappeler l’intérêt d’administrer l’adrénaline sans délai et aux doses utilisées lors de la première réaction anaphylactique, ainsi que la nécessité
d’une surveillance en milieu médicalisé durant 24 heures au moins.
Chez une personne allergique, l’asthme est un facteur de risque supplémentaire de réaction anaphylactique. Cela a été particulièrement bien montré en cas d’allergie alimentaire, mais est également vrai en cas d’allergie ou d’intolérance aux produits de contraste iodés (produits injectés pour visualiser les vaisseaux lors, par exemple, d’un scanner).
Il faut également signaler comme facteur de risque la présence chez le sujet allergique d’une mastocytose (maladie rare). Enfin, il faut noter qu’en cas d’allergie alimentaire, certains aliments semblent plus dangereux que d’autres (par exemple, les fruits à coque).
Fréquence des réactions anaphylactiques Les données mondiales donnent des chiffres allant de 90 à 900 cas d’anaphylaxie pour 100 000 habitants. Une étude anglaise
a calculé qu’un Anglais sur 1 333 aura au moins une réaction anaphylactique dans sa vie. Ces réactions sévères augmentent depuis plusieurs années avec une hausse de 700 % d’admissions aux urgences entre 1990 et 2004.
Concernant l’allergie alimentaire, un enfant sur 2 000 en primaire a un risque d’allergie sévère.

Les grandes causes

Les trois grands groupes de substances allergisantes responsables de réactions anaphylactiques sont les aliments, les médicaments et les venins de guêpe ou d’abeille.
Il faut signaler d’autres causes plus rares d’anaphylaxie comme l’anaphylaxie d’effort.
Que faire en cas d’anaphylaxie ?
Les actions recommandées pour la prise en charge des enfants à risque d’anaphylaxie ont été récemment publiées par les experts européens. On peut considérer que ces recommandations sont quasi identiques pour l’adulte.
• La prescription d’adrénaline est indispensable, complétée par un entraînement régulier à l’utilisation de l’adrénaline autoinjectable intra-musculaire. L’adrénaline doit être prescrite dans le cadre d’une trousse d’urgence avec les autres médicaments éventuellement nécessaires (bronchodilatateurs, antihistaminiques, corticoïdes).
• Il faut proposer au patient un plan de prise en charge individuel.
• Il faut éduquer le patient et les familles sur les mesures d’éviction
des substances allergisantes et pour la reconnaissance rapide des signes d’anaphylaxie.
Éviction de la ou des substances allergisantes que le patient doit reconnaître (importance donc d’un diagnostic précis effectué par un allergologue). Prescription et, si besoin, utilisation d’adrénaline intramusculaire sont les deux clés essentielles de la prévention et/ou du traitement des réactions anaphylactiques. À signaler toutefois que pour les allergies sévères aux piqûres de guêpe ou d’abeille, il existe un traitement de désensibilisation par injection montrant une efficacité de plus de 95 %. Pour les allergies médicamenteuses, des traitements par accoutumance peuvent être proposés dans un certain nombre de cas. Ils se font en milieu médicalisé et consistent à administrer en quelques heures ou en quelques jours des doses croissantes du médicament responsable de l’allergie. Là encore, seul l’allergologue a la réelle compétence pour prescrire de telles thérapeutiques.

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